du flux d’information au flow créatif

Comment fonctionne le processus créatif et plus précisément comment est-ce qu’on va transformer de l’information type inspiration en une nouvelle pièce de connaissance ou créative?

Voir plus globalement le sujet de la créativité.

Il est très utile de comprendre ce processus et de le décomposer pour pouvoir l’utiliser tout en écoutant notre état du moment.

Parce que rien ne sert de forcer la création si ce n’est pas le moment. Et justement en comprenant le processus on comprend quand c’est le moment…

À l’origine, un flux d’informations

Avant même d’avoir une intention créative, un projet, nous baignons dans un flux continue d’information : réseaux sociaux, livres, conversations, etc… ce flux avec internet est infini, constamment renouveler.

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Si jamais on ne voulait que “capter” de l’information, il serait possible de le faire tous les jours, tout le temps… au risque de ne pas être très épanouie.

En effet, l’humain fonctionne suivant différents cycles et différents modes : parfois il aime être “récepteur” et parfois “émetteur”, nous avons ces deux modes en nous.

Nous allons recevoir de l’information nécessaire pour certaines expériences ou réflexions qui va nous permettre d’en faire de la connaissance ou de l’inspiration qui nous donnera ensuite l’envie de partager voir créer quelque chose de nouveau avec.

C’est le principe du vivant : constamment renouveler de l’information pour faire naître d’autres formes d’informations… de vies…

Donc 2 modes majeurs : récepteur et émetteur. Quand on garde ça en tête, on peut sentir à un moment donné si on est plutôt disposé à l’un ou l’autre.

Le mode récepteur

Comme nous disions, nous sommes constamment dans un flux d’informations. Si nous ne faisons que regarder ce flux, beaucoup va se perdre, et donc beaucoup de temps et d’énergie aussi, pour ne pas retenir grand chose… c’est un peu comme rentrer dans un troue temporel et disparaître pour revenir avec rien de plus…

Le mode récepteur est captif et plutôt esclave, c’est pour cette raison qu’il faut bien être conscient de tous les leviers des médias et de ceux qui basent leur économique sur notre attention… la surconsommation n’est plus seulement matérielle, elle est également intellectuelle.

Trop recevoir et ne rien capter… “je capte rien”…

Conscient de ça, il est important de sentir quand nous sommes dans les bonnes prédispositions pour recevoir et surtout capter, ou capturer de l’information. Si c’est le cas, nous pouvons entrer dans le mode suivant.

Le mode capture

Nous lisons, nous regardons des vidéos, nous écoutons des podcasts avec attention et conscience. Dès que des informations intéressantes ou utiles pour des projets ou des apprentissages personnels vont émerger, nous avons l’opportunité de capturer ces “atomes” de connaissance et de les garder de côté.

Capturer, mais pour quoi faire? Pour construire “un jardin” de connaissances et de ressources qui seront utiles pour le moi futur.

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Capturer de l’information c’est attraper dans le flux continue des pépites, des graines précieuses qu’on va ensuite intégrer dans un système personnel, ce fameux jardin numérique.

Outil pour capturer : Readwise reader

Le mode organisation & jardinage

Nous avons capturer des parties de livres, d’articles, de podcasts et nous avons tout intégré dans notre jardin personnel. Impossible de laisser tous ces contenus en vracs, nous allons donc leur attacher des propriétés qui vont permettre de les retrouver plus tard, quand ce sera utile.

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Des propriétés par exemple ce sont des tags, des types de contenus, des thèmes, l’auteur en lien, etc… nous allons qualifier un atome de contenu et ainsi construire au fil du temps toute une pépinière sur pleins de sujets différents que nous allons ensuite pouvoir cultiver.

Outils pour organiser : Readwise, Tana, Roam, Logseq, Notion (en général les “tools for thoughts” et autres outils de “PKM” c’est à dire “personal knowledge management”)

Le mode “distill” ou mise en culture

Je parle ici de “distill” pour reprendre les termes de Tiago Forte qui porte le concept de CODE que je présente ici d’une manière un peu décalée et revisitée.

L’idée est que dans ce mode on bascule de l’état de récepteur à celui d’émetteur. C’est dans ce mode qu’on commence à avoir des idées, des concepts qui émergent et des intentions créatives.

À force de capter et capturer de l’information, de la ressource, des graines… et de revisiter ces éléments de “mémoire” avec des techniques comme la méthode des flashcards, des connexions vont commencer à se faire et suivant les projets en cours ou les envies, assez naturellement, nous allons avoir une “aspiration” à écrire, construire des schémas et des concepts etc…

Je trouve que c’est un moment très sensible et précieux. Quand l’état émetteur ou créatif s’initie, j’ai toujours l’impression d’une bouffée d’air et de joie que de rentrer dans un processus totalement vivant : quoi de plus beau que de faire émerger au monde de la nouveauté!

En révisant son jardin c’est comme si on arrosait les graines et commence alors à germer les idées. Quoi de plus beau qu’un jardin au printemps… nos états humains sont un peu comme des saisons et nos cycles sont à entendre et écouter.

Il est temps de créer, de “distiller” toutes ces informations et cette connaissance capturée pour en faire naître des “brouillons” de créations, des premières pousses qui vont en inspirer d’autres et ainsi de suite.

Distiller c’est aussi arroser et c’est dans ce cercle vertueux qu’on rentre dans le dernier mode du cycle.

Outils pour distiller : Tana, Notion, Logseq ou d’autres outils pour prendre des notes connectées, rédiger, structurer des schémas (Miro, Mural, Figma) ou prototyper. GPT pourquoi pas, pour venir enrichir via des échanges et compléter des éléments de connaissance

Le mode “express” ou créatif

Les pousses sont de plus en plus nombreuses et complexes, les liens se font entre différents concepts : des projets commencent à émerger. Que ce soit les débuts d’un livre ou plus modestement un article, un script pour une vidéo ou des questions qui vont guider un futur podcast… peut-être même l’esquisse d’une oeuvre d’art ou un produit, un service… tout est possible dans ce mode!

Nous sommes en train de créer!

Dans ce mode “d’expression” il faut considérer 2 phases: la création de fond et la création de forme. Par exemple un script pour une vidéo sera le fond et la vidéo finale la forme. Avec le même script il aurait été possible de créer un contenu de formes différentes comme un livre ou un podcast par exemple.

Souvent le risque est de se précipiter sur un outil de forme alors qu’on est encore en train de travailler le fond, comme construire une conférence directement dans Powerpoint par exemple. Créer le fond et la forme n’est pas exactement le même processus cognitif et c’est alors au risque de “s’emmêler les pinceaux”!

Il est plutôt conseillé de travailler le fond dans un outil de prise de note, de rédaction ou de prototype (comme dans le mode distill) et ensuite de “mettre en forme” ce contenu.

À la manière d’un film, le scénariste va proposer un script qui ensuite va passer au tournage et à la réalisation.

Cela dit, attention de ne pas voir ce processus comme linéaire : en effet, il va régulièrement avoir des boucles entre travail sur le fond et la forme car l’un va inspirer des ajustements à l’autre.

J’irais même plus loin, tout le processus CODE que je décris depuis le début est lui aussi un processus circulaire. Imaginez que vous vouliez réaliser un documentaire historique sur la Rome antique : vous allez devoir vous documenter, apprendre ce qui est connu de cette époque (capture, organize) pour ensuite commencer à produire des premiers concepts, des premières pistes de script et de scénario qui va mener à tout le nécessaire “de fond” pour commencer un tournage.

Même pour travailler la forme, il va peut-être vous falloir apprendre à filmer d’une certaine manière, à retravailler les images, changer de matériel etc… et donc pendant que vous êtes en phase d’expression vous allez revenir à capturer de nouvelles informations, les organiser pour les apprendre et en faire de la connaissance pour ensuite imaginer, créer de nouvelles solutions pour améliorer le rendu de votre documentaire.

Peut-être même que durant le processus vous vous rendrez compte que vous n’avez plus envie de faire un documentaire mais plutôt d’écrire un livre!

Se laisser porter du flux d’informations au flow créatif est une vrai aventure et les surprises sont aussi des sources d’inspirations! Un esprit créatif et ouvert permettra à la “capture” de se faire quand c’est nécessaire et l’énergie créative d’aboutir peut-être à une oeuvre… le plus important est de sentir le changement d’état puis quel mode il faut activer : C,O,D,E ?

Puis continuer la navigation et au fil de l’eau faire pousser un jardin de connaissances et de ressources très précieux qui vont donner des fruits de plus en plus beaux, originaux et utiles…

Alors, est-ce que c’est le moment de lire, faire de la recherche, explorer… ou plutôt d’écrire, de conceptualiser, de filmer?

Note personnelle

Souvent j’ai tendance à m’arrêter à la phase distill : je vais avoir beaucoup de concepts, de pistes d’écritures, de scripts pour des podcasts ou des vidéos… et je vais sortir des articles, des billets pour mon blog et ma newsletter… je ne vais pas forcément aller au bout du processus en créant des objets avec une belle mise en forme et expérience et ça peut être très frustrant, l’impression de ne jamais aboutir.

Je sais maintenant que c’est parce que je me fais souvent avoir par le mode capture et organize que j’adore : j’adore découvrir de nouvelles choses, les organiser, les connecter etc… 

Et puis ces modes semblent plus « faciles » quand je suis fatigué ou que je n’ai pas 2-3h de deep work disponible devant moi…

ensuite j’ai des idées comme ici que je vais fixer avec l’écriture et puis je m’arrête là sans prendre le temps nécessaire d’aller au bout… de mettre en forme - même si je sais que c’est plus qu’important.

Prenons l’exemple de Tiktok : il y a bon nombre de gens très suivis qui travaillent essentiellement la forme de leurs créations, et ça plait! Alors que celui qui va écrire un essai de 5 pages merveilleux mais sans effort de mise en forme ne sera peut-être jamais lu par personne…

La forme de ce qu’on crée est autant importante que le fond, voir plus. C’est le rendu final qui accroche l’oeil, la vitrine du magasin qui donne envie d’entrer. C’est la porte qui donne accès au monde merveilleux, encore faut-il créer cette porte pour que d’autre la franchisse!

Ainsi dans le processus créatif, certains vont privilégier de construire la forme avant d’avoir le fond : construire un deck super sexy avec un storytelling très efficace pour vendre un concept de start-up qui n’existe pas encore à des investisseurs ou plus simplement la vignette de la vidéo YouTube avant même de la tourner.

Mettre en avant l’histoire, en faire le teaser avec de belles images et ensuite seulement tourner le film. Après tout pourquoi pas, comme je disais, je processus CODE n’est pas linéaire.

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