une planète de mercenaires
Une planète de mercenaires
Nous sommes sur une planète de mercenaires. Quasiment tous les humains à la surface de la planète se comportent ainsi, même s’ils ne sont pas en “temps de guerre” déclarée, j’entend par guerre le sens classique, c’est à dire des oppositions par la violence, la force, ou des gens sont tués et où il y a besoin d’humains pour bien tuer : les mercenaires.
Prenons la définition fondementale :
“Un mercenaire est un combattant étranger aux parties en conflit, « spécialement recruté dans le pays ou à l’étranger » et qui « prend une part directe aux hostilités ». Ce combattant doit également avoir un « avantage personnel » à participer à ce conflit, qui doit prendre la forme d’une rémunération « nettement supérieure à celle » de ses homologues de l’armée régulière”.
Si je remplace quelques termes pour adapter au “marché du travail” qui est le réel “terrain de bataille” de notre guerre économique généralisée :
Un prestataire de service ou un salarié est une ressource humaine, initialement étranger aux parties en concurrence sur le marché économique, « spécialement recruté dans le pays ou à l’étranger » et qui « prend une part directe aux activités économiques ». Cet acteur “combattant” doit également avoir un « avantage personnel » à participer à ce marché économique, qui doit prendre la forme d’une rémunération « nettement supérieure à celle » de ses homologues du secteur public ou associatif.
Une adaptation validée également par l’étymologie même du mot :
Le terme mercenaire décrit à l’origine toute personne offrant un service contre un paiement. À ce titre, le terme employé à l’époque se rapproche de celui de « salarié » et désigne la classe ouvrière qui n’a pas l’« initiative industrielle ». Le terme vient du latin mercenarius, lui-même dérivé du mot merces qui signifie salaire.
Toute personne gagnant de l’argent en l’échange de la “ressource” qu’elle apporte est donc une partie de la société qui n’a pas “l’initiative industrielle”, soit l’initiative de production. Ce mercenaire est donc dépendant de ceux qui sont à l’initiative de produire du concret, que ce soit un salarié ou un prestataire de service.
Prenons l’exemple d’une agence de communication : elle est prestataire de service pour un acteur portant une initiative de production, elle ne porte pas d’initiative elle-même, elle est dépendante de son “client actif” en production concrètes (Elle est dépendante de celui qui fait la guerre et qui a des intérêts de pouvoir et économiques).
Maintenant, si son client n’est pas non plus à l’initiative de production, il est lui-même dépendant d’une entreprise qui porte l’initiative de produire, concrètement. Et ainsi de suite.
L’initiative de production.
Au final, il y a nécessairement besoin d’acteurs, d’entreprises, qui produisent quelques chose de concret, qui porte une valeur suffisante pour motiver un échange contre de l’argent (Il y a besoin de ceux qui font la guerre directement).
Mais qu’est-ce qui peut bien porter une valeur suffisante pour qu’un humain échange de l’argent pour l’acquérir ? Qu’est-ce qui peut bien valoir la peine de “faire la guerre” ?
- Un produit qui répond à un besoin fondamental : nourriture, logement, chaleur, eau, sécurité ou protection contre agression (survie), respiration, mobilité, sexualité, sommeil, traitement des déchets.
- Un produit ou service qui répond à un besoin de sécurité plus poussé voir de l’ordre du confort physique ou psychologique : stabilité, prévisibilité, comble les peurs, les angoisses…
Tout les autres niveaux de la pyramide des besoins ne sont pas de l’ordre d’une initiative de production concrète : Besoin d’appartenance & d’amour, de confiance, de reconnaissance, de respect, d’appréciation des autres, besoin d’accomplissement de soi.
Ces autres besoins sont utilisés comme des “moyens” pour motiver les mercenaires à rejoindre l’initiative de production quand la motivation financière n’est plus suffisante.
Ce sont des promesses, des engagements : rejoignez votre camp, et vous vous sentirez appartenir à un groupe, utile, reconnu par vos pairs, aimé et grâce à ce groupe et ses initiatives de production, vous pourrez vous accomplir.
Peu importe ce qui est produit, ni la manière, ni son impact. C’est comme rejoindre l’armée, prêt à tuer pour se sentir en union avec d’autres humains, quelque soit le combat et en plus, en obtenir un salaire. C’est être un mercenaire.
Amusons nous alors à redéfinir certains termes du monde du travail :
C’est quoi un salarié ?
Un mercenaire, qui accepte sa rémunération en échange de faire ce qu’on lui demande de faire.
C’est quoi un collaborateur ?
Un mercenaire, un salarié qui, en plus de gagner de l’argent pour ce qu’il produit, accepte une histoire qu’on lui raconte à laquelle il veut bien appartenir car l’histoire lui promet qu’il va s’accomplir.
C’est quoi un prestataire ?
Un mercenaire, qui accepte sa rémunération en échange de faire ce qu’on lui demande de faire.
C’est quoi un partenaire ?
Un mercenaire, qui donne plus d’importance à l’histoire à laquelle il peut appartenir qu’à l’argent qu’il peut en gagner.
C’est quoi un bénévole ?
Un mercenaire, qui ne donne de l’importance qu’à l’histoire à laquelle il peut appartenir.
C’est quoi un entrepreneur ?
Un mercenaire, qui pense être à l’initiative de production mais qui a besoin de vendre (financièrement et l’histoire qu’il raconte) ce qu’il ne produit pas encore pour pouvoir “initier” sa production concrètement.
C’est quoi un producteur ?
Un initiateur de production. Un agriculteur par exemple est un producteur tout comme un musicien, un artisan, un maçon, etc…
C’est quoi un fournisseur ?
Un initiateur de production également. C’est celui qui va permettre au producteur, grâce à de la matière première extraite et transformée, d’initier sa production.
Comme vous pouvez le voir, de la même manière qu’un mercenaire sans guerre n’existe pas, beaucoup des métiers de nos “temps modernes” n’existeraient plus s’il n’y avait pas de “guerre économique”.
Soit alors vous acceptez d’être un mercenaire et de rejoindre des batailles que vous n’avez pas initiées, soit vous devenez producteur ou fournisseur pour faire “votre guerre” directement.
C’est la dure loi du marché et de la concurrence. C’est la dure loi d’un monde en guerre économique.
Dans notre société actuelle, chaque individu est “un produit à vendre”.
Un mercenaire de guerre se vend de lui-même : suivant son efficacité & ses performances à tuer.
De nos jours, les mercenaires modernes doivent prouver qu’ils sont des “tueurs” de leur domaines. Ils doivent exposer leurs trophées de combat, grâce à leurs références, leurs cas d’études, leurs certificats, etc… Tout comme à l’époque :
George de dix : Il a fait la guerre de 100 ans et celle de 200 ans. Il a tué plus de 300 guerriers avec sa seule et même épée. Jamais il n’a été blessé au combat… Il est connu de tous pour être un bouché sans pitié sur champ de bataille, inépuisable.
Vous remarquerez les similitudes, sans que j’ai a faire de rapprochement avec nos différents profiles LinkedIn… Nous sommes bien encore de simple mercenaires cherchant à rejoindre notre prochaine guerre…
Plus intéressant encore, nous utilisons les codes “modernes” pour nous vendre : raconter notre histoire (comme les mercenaires) mais aussi mettre en “image de marque”, adapter notre discours à notre cible, etc…
Nous avons basculé de guerrier dont l’histoire se raconte pour nous et par nos actions au combat à des produits qu’il faut bien présenter pour pouvoir les placer et les vendre… En nous comportant ainsi, nous ne somme même plus des humains, mais simplement des objets, des outils qu’on achète comme dans un magasin… On ne se vend même plus comme des mercenaires, on se vend comme les épées, qu’on peut utiliser et puis jeter…
C’est d’ailleurs très clair quand on utilise le terme “ressource humaine” : ce n’est que la partie outil de l’humain dont on parle, une ressource, point.
Même une caractéristique humaine devient un outil : un salarié va faire son profile MBTI pour qu’on connaissance sa composition en terme d’outils et comment mieux les agencer avec les autres outils. Comme des ingrédients pour faire la recette de production, tout simplement.
Je ne suis pas certain qu’un mercenaire d’antan accepterait cette condition d’Être…
Une autre dynamique de société est possible.
Si vous ne voulez participer à aucune guerre, même une petite locale et de quartier, il vous faut alors rejoindre ceux qui veulent imaginer et construire une autre logique de société tout en participant à éviter un Echec et mat du monopole mondial.
Dans laquelle il n’y a que des producteurs locaux, des fournisseurs locaux tous se comportant comme des collaborateurs et contributeurs d’une société à dynamiser localement ensemble.
L’initiative de production est alors collective : il faut produire ce dont une communauté locale a besoin. Pour se faire, il faut connaître les qualités et quantités à produire, répartir des rôles de contributions et collaborer pour que l’initiative atteigne son équilibre :
- suffisamment de nourriture, logement, chaleur, eau, sécurité ou protection contre agression (survie), respiration, mobilité, sexualité, sommeil, traitement des déchets pour tous.
- suffisamment de confort physique ou psychologique : stabilité, prévisibilité, comble les peurs, les angoisses…
Ainsi, en développant la production suivant une initiative collective, chaque membre peut alors combler ses besoins d’appartenance & d’amour, de confiance, de reconnaissance, de respect, d’appréciation des autres, d’accomplissement de soi. - Car chacun dans le collectif local en questions porte un rôle de collaborateur et contributeur.
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